Commençons tout d’abord par aborder l’évènement dont le monde entier parlait depuis plusieurs mois : les élections américaines. Malgré des résultats plus serrés que ce à quoi plusieurs s’attendaient, le marché n’a pas connu de mouvement drastique suite à la victoire de Joe Biden. Certains craignaient qu’une victoire démocrate aurait pu entrainer une baisse du marché en raison de leur intention d’augmenter les impôts corporatifs, alors que d’autres croyaient que la bourse allait augmenter en raison de leur plan de relance plus généreux. Quoiqu’il en soit, le marché a récupéré les pertes qu'il avait subi au cours des semaines précédant les élections. De son côté, la Chambre des représentants a conservé une majorité de sièges démocrates et nous sommes toujours en attente du résultat officiel du Sénat. Nous garderons un œil sur ce résultat et sur l’incidence qu’il aura sur les marchés.
Dans les dernières semaines, mise à part les élections américaines, la bourse a connu une période de hausse suite aux annonces des vaccins potentiels de Pfizer et Moderna. Les marchés ont également connu une transition à partir des titres « croissance », qui ont eu un énorme succès ces dernières années, vers des titres « valeurs » qui ont été davantage négligés durant la même période. En effet, l’annonce de vaccins potentiels semble avoir redonné espoirs aux investisseurs par rapport aux industries qui avaient été particulièrement touchées par la COVID-19. Cependant, cette hausse récente s’est renversée dans les derniers jours. Malgré l’espoir d’un vaccin, le nombre de cas et d’hospitalisations à l’échelle mondiale demeure inquiétant et plusieurs entreprises en subissent encore d’importantes conséquences.
Nous croyons que malgré la hausse potentielle que la mise en marché d’un vaccin pourrait engendrer à court terme, une évaluation aussi élevée des marchés ne peut être soutenue à moyen ou long terme. Nous donc croyons que la divergence entre le prix des actifs financiers et leurs valeurs fondamentales ne peut pas être éternelle. Un jour ou l’autre, les profits devront augmenter pour justifier les prix actuels ou, à l’inverse, la bourse devra connaitre une correction marquée. C’est pourquoi nous priorisons une analyse fondamentale et une sélection de titres individuels qui seront bien positionnés pour faire face aux nombreux défis engendrés par la COVID-19.
Voici nos conclusions pour le mois de novembre concernant les rendements auxquels on peut s’attendre des investissements à revenu fixe et des actions.
Les investissements à revenu fixe
Voici un graphique qui présente l’évolution des taux d’intérêt à long terme au fil des années. On peut facilement observer que les taux d’intérêt sont présentement à un niveau largement inférieur à leur sommet historique de 15,32 % au début des années 80. Les taux d’intérêt à long terme s’établissent maintenant à 0,79 %, ce qui représente une certaine augmentation par rapport à 0,69 % pour le mois d’octobre 2020.
Taux d’intérêt – Obligations fédérales à long terme
Source : http://www.econ.yale.edu/~shiller/data.htm en date du 6 novembre 2020
Passons maintenant aux obligations provinciales. Voici les rendements d’un portefeuille d’obligations échelonnées 1 à 10 ans. Le rendement a augmenté légèrement par rapport au mois dernier, passant de 0,88 % à 0,97 %.
Taux de rendement d'obligations provinciales | ||
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1 an | 0.22% | Alberta 1.35% - 1er septembre 2021 |
2 ans | 0.37% | Alberta 1.60% - 1er septembre 2022 |
3 ans | 0.62% | Ontario 1.50% - 8 septembre 2023 |
4 ans | 0.91% | Newfoundland 2.00% - 17 avril 2024 |
5 ans | 0.97% | Saskatchewan 1.80% - 30 mai 2025 |
6 ans | 0.96% | Ontario 0.00% - 2 juin 2026 |
7 ans | 1.22% | Quebec 1.00% - 21 septembre 2027 |
8 ans | 1.31% | Quebec 1.40% - 1er juin 2028 |
9 ans | 1.46% | Quebec 1.70% - 1er juin 2029 |
10 ans | 1.66% | Manitoba 1.70% - 5 septembre 2030 |
Moyenne: | 0.97% |
Source : Factset en date du 18 novembre 2020
Donc, encore une fois, on devrait s’attendre à un rendement d’à peine 1 % pour les prochaines années pour les titres à revenu fixe sécuritaires ...
Les investissements en actions
Le prix payé pour les entreprises en bourse, selon le ratio de Shiller, est actuellement à 31,96 fois leurs profits. Le ratio a connu une augmentation depuis le mois dernier, alors qu’il s’établissait à 30,79. Cette augmentation peut être expliquée par la hausse de l’indice du S&P 500 en bourse sans que les profits des entreprises qui le composent suivent la même tendance. Le marché a été aussi cher seulement qu’en 1929 et en 1999, deux périodes suivies d’une correction très marquée.
Prix payé par dollar de profit (Ratio de Shiller)
Source : http://www.econ.yale.edu/~shiller/data.htm en date du 6 novembre 2020
Jetons maintenant un coup d’œil aux rendements réalisés par les investisseurs au cours des 15 années qui ont suivi une valorisation aussi élevée du marché boursier par le passé.
Ratio de Shiller vs. Rendement annuel moyen des 15 années suivantes
Source : Factset en date du 6 novembre 2020
Voici donc les résultats. Sur l’axe horizontal, vous pouvez voir différents niveaux du ratio cours-bénéfice de Shiller. Il faut se rappeler que plus ce ratio est élevé, plus le marché est considéré cher. L’axe vertical représente le rendement annuel moyen des 15 années suivantes. Les points bleus représentent toutes les données observées et, finalement, la ligne pointillée noire est la courbe de tendance du graphique. Donc, il est facile de voir que moins le marché est considéré cher, plus les rendements des 15 années suivantes sont élevés, et vice-versa.
Si on prend le ratio actuel de Shiller qui est présentement à 31,96, on peut observer que le pire rendement annuel des 15 années suivantes était négatif et tout près de zéro, alors que le meilleur était d’environ 6 %. Selon la courbe de tendance, au ratio actuel, on peut donc s’attendre à un rendement annuel moyen entre 4-5 % dans les 15 prochaines années.
Le graphique suivant compare l’évolution du prix de l’indice du S&P 500 avec les profits par action des entreprises qui le composent. Normalement, il est logique d’observer une certaine corrélation entre la croissance des profits et le prix en bourse. Plus les profits des entreprises augmentent, plus elles prennent de la valeur et plus les investisseurs sont prêts à payer cher pour celles-ci.
Prix en bourse du S&P 500 vs. Profits des entreprises du S&P 500
Source : http://www.econ.yale.edu/~shiller/data.htm en date du 6 novembre 2020
On peut observer qu’à chacune des grandes crises précédentes, une diminution des profits (ligne orange) s’est traduite par une diminution du prix en bourse (ligne bleue). Lors de la bulle technologique des années 2000, les profits du S&P 500 ont repris leur valeur initiale après 4 ans, alors que le prix en bourse a mis 7 ans avant de revenir au même niveau. Pour ce qui est de la crise financière de 2008, les profits ainsi que le prix du S&P 500 ont repris tous les deux leur valeur initiale après 4 ans environ. Dans la situation actuelle, nous avons vu une chute des profits significative depuis le début de la pandémie et la bourse a connu une baisse marquée en mars en lien avec cette diminution. Cependant, à l’inverse des deux dernières crises, le S&P 500 a repris sa valeur en l’espace de quelques mois seulement, pour maintenant s’établir à un prix plus élevé qu’avant la baisse! Et cette fois-ci, cette reprise n’est pas accompagnée par une hausse équivalente des profits, loin de là. Il est fort probable que les profits des entreprises commenceront à augmenter à nouveau, mais il est peu probable que cette hausse soit assez rapide pour justifier l’augmentation du prix en bourse des derniers mois.
Avertissement
Les statistiques, les données factuelles et les autres renseignements figurant dans ce document proviennent de sources jugées fiables, mais dont l’exactitude ne peut être garantie. Ils sont fournis à des fins informatives seulement et ne doivent pas être considérés comme des conseils personnels sur des placements ou une sollicitation pour acheter ou vendre des titres. Les opinions sont celles de l'auteur, Marc-André Turcot, et pas nécessairement celles de Conseils en placement Raymond James Ltée. Avant de prendre toute décision, les investisseurs qui envisagent de mettre en œuvre une stratégie d’investissement devraient consulter leur conseiller en placement pour s’assurer qu’elle est adaptée à leur situation d’investisseur et à leur tolérance au risque.